D’après la DARES, 11 % des salariés1 sont exposés à au moins un produit chimique cancérigène à leur poste de travail. Qu’ils soient gaz d’échappement, silice cristalline, amiante ou formaldéhyde, les substances cancérigènes font partie encore du quotidien de presque 3 millions de personnes. Un constat d’autant plus alarmant qu’il semble toucher de façon évidente les plus petites structures et les travailleurs les plus précaires.
L’exposition aux produits cancérigènes, les salariés des TPE-PME en première ligne
La DARES le constate encore en 2023 en s’appuyant sur l’étude Sumer de 2017 : l’exposition aux produits chimiques cancérigènes concerne deux ouvriers sur trois. Ces ouvriers sont majoritairement des hommes, plutôt jeunes, du secteur de la construction ou de l’industrie avec un statut d’apprenti ou d’intérimaire.
De plus, cette exposition aux produits chimiques cancérigènes semblerait concerner majoritairement les petites structures. Effectivement, les travailleurs exposés aux gaz d’échappement ou à la silice mis en danger au cours de leur dernière semaine de travail dans les structures jusqu’à 49 salariés sont 1 600 000 (sur les 3 millions de salariés concernés2).
Les salariés travaillant dans de petites entreprises de moins de 10 salariés sont plus fréquemment exposés à au moins un produit chimique potentiellement cancérogène. En effet, 13 % d’entre eux sont exposés, comparé à seulement 9 % des travailleurs dans des entreprises de 200 à 499 salariés. De plus, il est noté que les mesures formelles de prévention sont moins répandues dans les petites entreprises que dans les plus grandes. Dans 56 % des cas d’exposition dans des entreprises de moins de 10 salariés, aucune protection collective n’est mise en place, alors que ce chiffre est de 48 % pour l’ensemble des entreprises.
Protéger les travailleurs exposés aux produits chimiques cancérigènes
Selon la DARES3, près d’un salarié sur deux exposé aux risques cancérigènes des gaz d’échappement ou de la silice n’ont pas de protection collective en 2017. Quant aux protections individuelles, leur usage s’est répandu depuis 2003, mais encore bien trop lentement.
La protection des travailleurs contre l’exposition aux produits cancérigènes se joue à travers trois types de mesures :
- Des mesures techniques collectives : mécanisation ou automatisation des procédés, travail en vase clos et encoffrement, réduction des émissions (abaissement de la température, abattage des poussières par brumisation, etc.), captage des polluants à la source, ventilation générale, assainissement.
- Des mesures techniques individuelles : imposer des équipements de protection individuelle (gants, appareils respiratoires, vêtements de protection et équipements de protection faciale) tout en facilitant leur bon usage au quotidien.
- Des mesures organisationnelles :
- limitation du temps de travail aux postes exposés, procédures d’achats de produits chimiques (prise en compte des quantités et conditionnements adaptés à l’utilisation),
- gestion des flux et du stockage des produits chimiques (stocks inutilisés, limitation des quantités stockées, etc.),
- gestion des déchets,
- procédures d’entretien des installations,
- restriction de l’accès aux locaux.
- https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/les-expositions-des-salaries-aux-produits-chimiques-cancerogenes ↩︎
- https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/les-expositions-des-salaries-aux-produits-chimiques-cancerogenes ↩︎
- https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/zoom-sur-les-expositions-4-produits-chimiques-cancerogenes#toc-l-exposition-l-amiante-toujours-pr-sente-2 ↩︎