Cancer du sein et travail de nuit, une relation dangereuse mise en pleine lumière

En mars 2023, pour la première fois, le lien entre cancer du sein et travail de nuit a été établi publiquement en accordant à une ancienne infirmière la reconnaissance de son cancer comme maladie professionnelle. Une avancée remarquable qui lève le voile sur les nombreux risques, encore trop peu connus, du travail de nuit. 

Pourquoi le travail de nuit posté serait-il mis en cause dans l’apparition du cancer du sein chez la femme ?

Aujourd’hui le travail de nuit, habituel et occasionnel, concerne en 2023 de 19 à 25 % des travailleurs en 2022 selon Santé Publique France[1].

Dès les années 2010, l’étude CECILE de l’INSERM affirmait que : « Le risque de cancer du sein était augmenté d’environ 30 % chez les femmes ayant travaillé de nuit par rapport aux autres femmes. » [2]. L’INSERM pointait surtout du doigt le risque accru de cancer de sein chez les femmes travaillant de nuit durant plus de 4 ans d’affilée ou plus de 3 nuits par semaine.

Ce risque cancérigène du travail de nuit serait lié au bouleversement du rythme circadien (de notre « horloge » biologique) entraînant notamment des troubles du sommeil qui fragilisent le système immunitaire ainsi qu’une surexposition à la lumière durant la nuit supprimant totalement ou en partie l’effet naturellement anticancérigène du pic de mélatonine nocturne. En effet, la mélatonine étant l’agent régulateur de l’œstrogène, son insuffisance favoriserait la croissance des cancers hormonodépendants, dont le cancer du sein.   

Quelle prévention pour limiter les risques liés au travail de nuit ?

Outre le cancer du sein, le travail nocturne habituel (ou posté) est source de multiples maux : risques cardiovasculaires, troubles de la vigilance, troubles digestifs…

Voici quelques conseils essentiels pour prévenir les risques liés au travail de nuit :

• Misez sur le volontariat des salariés : la première étape est de faire appel au volontariat des salariés pour le travail de nuit. Il est essentiel de respecter leur choix et de ne pas les contraindre à travailler la nuit.
• Assurez-vous que l’effectif par équipe est adéquat en fonction de l’activité de travail et de la charge de travail. Évitez la surcharge pour maintenir la vigilance des travailleurs.
• Privilégiez les rythmes de rotations dans le sens des aiguilles d’une montre, tels que matin/après-midi/nuit. Cela permet une transition plus naturelle entre les horaires et réduit la perturbation du rythme circadien.
• Optez pour des rythmes de rotations courts, car ils aident à maintenir la vigilance. Les pauses fréquentes permettent aux salariés de se reposer et de rester alertes.
• Mettez en place un dispositif pour les travailleurs isolés, comme un système de communication d’urgence, pour garantir leur sécurité.
• Ayez au moins un Sauveteur Secouriste du Travail (SST) dans chaque équipe pour intervenir en cas d’incident ou d’urgence médicale.

Pour aller plus loin

_{[1] https://www.santepubliquefrance.fr/revues/articles-du-mois/2022/un-panorama-de-l-evolution-du-travail-de-nuit-en-france-sur-34-ans-par-profession-et-secteur-d-activite-a-l-aide-des-donnees-du-recensement-et-d-un}

^{[2] https://presse.inserm.fr/le-travail-de-nuit-un-risque-pour-les-femmes/1300/}