Le rapport annuel de l’Assurance Maladie concernant les accidents du travail et les maladies professionnelles en 2022 a été publié le 10 janvier 2024. Alors que bon nombre de spécialistes s’attendaient à ce que l’année 2022, année post-Covid, retrouve des résultats similaires à 2019, il n’en est rien ! La baisse des accidents du travail et des maladies professionnelles s’avère effective, il semblerait bien difficile de ne pas s’en satisfaire.
Le rapport annuel AT/MP Assurance Maladie 2022
Depuis le début de la crise Covid les bilans annuels de l’Assurance Maladie concernant les accidents du travail et les maladies professionnelles (AT/MP) évoluaient à la baisse, cependant les conditions de travail étaient si particulières qu’il était difficile de prendre ces résultats comme acquis.
L’année 2022, identique à l’activité salariée de 2019, nous a réservé une étonnante révélation : les accidents du travail sont en baisse de -6,7 % par rapport à 20211 et les maladies professionnelles sont en baisse de -6,4 % par rapport à 2021. Qui plus est, autre bonne nouvelle, le nombre de salariés a augmenté de 3 % (par rapport à 2021).
Les vecteurs d’amélioration de la santé au travail relevés par le rapport 2022 de l’Assurance Maladie
Les secteurs d’activité les plus accidentogènes demeurent sensiblement identiques aux autres années :
- la santé,
- le nettoyage,
- le travail temporaire,
- l’alimentation,
- le transport,
- le BTP.
De plus, nous noterons que ce bilan de l’année 2022 nous indique que le nombre d’accidents de trajet reste sensiblement identique (13 % des accidents du travail) mais aussi que les manutentions manuelles et les chutes de plain-pied ou de hauteur sont les premières responsables des accidents dans le cadre du travail.
Un bilan positif des AT/MP qui questionne…
La baisse significative de la sinistralité en 2022 est considérée par l’Assurance Maladie comme « une situation de rupture statistique » qui se doit d’être étudiée en profondeur.
Une publication de l’Eurogip2, peu de temps avant la publication officielle de ce rapport annuel, évoquait une généralisation européenne d’un phénomène de sous-déclarations des accidents du travail. Cependant, selon les travaux réalisés par Eurogip, « près de 100 % des accidents du travail graves et mortels sont déclarés en France, alors que dans certains pays européens, ce taux peut être inférieur à 40 % »3.
Seconde hypothèse, formulée par l’Assurance Maladie elle-même dans son rapport, cette chute spectaculaire des accidents du travail et des maladies professionnelles pourrait être liée à la généralisation du télétravail.
Les statistiques de l’INSEE4 affirment effectivement qu’en 2022 19 % des salariés avaient au moins une journée en télétravail alors qu’en 2019, selon la DARES, ils étaient seulement 4 %5 à le pratiquer. Rappelons tout de même que si le télétravail possède a priori de nombreux avantages quant au bien-être des salariés, il présente aussi de nombreux facteurs de risques professionnels (risques psychosociaux, TMS, etc.).
- https://assurance-maladie.ameli.fr/qui-sommes-nous/publications-reference/assurance-maladie-risques-professionnels/rapports-annuels ↩︎
- https://eurogip.fr/des-niveaux-de-declaration-des-at-tres-heterogenes-en-europe/ ↩︎
- https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/l-actualite-du-ministere/article/face-aux-accidents-du-travail-agir-contre-la-sous-declaration
↩︎ - https://www.insee.fr/fr/statistiques/6966932 ↩︎
- https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/teletravail-durant-la-crise-quelles-pratiques-quels-impacts-sur-le-travail-et-sur-la-sante ↩︎