Journée nationale de l’audition 2024 : les acouphènes, ce bruit du silence.

L’acouphène, ce handicap invisible qui touche 4 à 7 millions de Français en permanence 

Le phénomène d’acouphène est ressenti (dans une ou deux des oreilles) comme un bruissement ou un grésillement plus ou moins intense qui peut durer quelques heures par jour à toute la journée, en fonction des cas. Lorsque ce phénomène perdure plus de trois mois, on considère alors que c’est un acouphène chronique.

Les acouphènes sont les symptômes d’une lésion ou d’un dysfonctionnement de l’oreille interne, signifiant dans 80 % des cas une perte d’audition. Plus précisément, les acouphènes sont les messagers intempestifs du cortex auditif qui, pour compenser les dysfonctionnements de l’oreille, envoie le signal trompeur d’un bruit (qui n’existe pas en réalité). Ce même fonctionnement abusif du cortex auditif peut aussi être lié à la zone émotionnelle du cerveau nommée l’amygdale, ce qui explique que des acouphènes peuvent être ressentis lors d’émotions intenses. 

La santé au travail pour lutter contre l’isolement social et professionnel lié aux acouphènes

Que cela soit grâce au Baromètre acouphènes 2024 JNA-IFOP ou grâce au Baromètre sourds et malentendants de Santé publique France réalisé en 2011-2012² (réunissant les acouphènes et l’hyperacousie), nul doute que les acouphènes sont, pour certains malades, vécus comme de réels handicaps tant dans la vie privée que dans la vie professionnelle.

« Il n’existe pas, de fait, de dispositif d’accompagnement des personnes en souffrance d’acouphènes. Il n’existe pas de statut de personne porteuse de handicap invisible. La société ne peut être résiliente face aux fragilités induites, comme si elles étaient inexistantes. Un déni. »

Communiqué de presse des JNA 2024³

Le baromètre de 2011-2012 révélait déjà, en ce qui concerne la vie professionnelle, que l’acouphène représentait un handicap de poids puisque la grande majorité des actifs, soit 57,1 %⁴, ressentait des difficultés importantes à entendre. Et, contrairement à ce l’on pourrait croire, ce n’est parce que l’on entend mal que le bruit ne nous gêne pas, bien au contraire, il est déformé et bien souvent amplifié. Ainsi les salariés souffrant d’acouphènes étaient 60,5 %⁵ à trouver leur travail nerveusement épuisant. Plus grave encore, 63,7 % des personnes subissant les acouphènes se sentaient en détresse psychologique pour, bien souvent, des raisons professionnelles.

Le récent baromètre JNA-IFOP de 2024 semble malheureusement toujours aussi révélateur de la grande détresse des malades souffrant d’acouphènes qui déclarent toujours :

• Des difficultés de sommeil,
• Des difficultés de concentration,
• De l’anxiété,
• Un isolement social,
• Un état dépressif.

Enfin, le baromètre JNA fait état d’une prise en charge médicale de l’acouphène extrêmement longue car, si 28 % des interrogés supportent des acouphènes depuis plus de 5 ans, 52 % n’ont jamais consulté de professionnel de santé. Pourtant, la prise en charge des malades victimes d’acouphènes tant pour la perte d’audition qu’ils imposent que par les multiples risques psychosociaux qu’ils induisent semble représenter un enjeu crucial pour la santé, dont la santé au travail.

1. https://www.journee-audition.org/campagnes-de-sensibilisation-sante-auditive/la-campagne/les-barometres-audition-des-francais.html ↩︎
2. Situation au travail des personnes touchées par des acouphènes et/ou de l’hyperacousie, septembre 2016, Références en santé au travail, n°147 ↩︎
3. https://www.journee-audition.org/pdf/cp-JNA-2024-annonce-campagne.pdf ↩︎
4. Situation au travail des personnes touchées par des acouphènes et/ou de l’hyperacousie, septembre 2016, Références en santé au travail, n°147 ↩︎
5. Situation au travail des personnes touchées par des acouphènes et/ou de l’hyperacousie, septembre 2016, Références en santé au travail, n°147 ↩︎