En novembre 2023, la Dares a publié une datavisualisation qui regroupe toutes les données recueillies concernant les conditions de travail des Français de 1984 jusqu’à 2019. Cet outil précieux nous permet de porter notre attention sur les points qui restent encore à améliorer mais il met aussi en lumière les avancées de la santé au travail telle la meilleure prise en compte des individualités qui composent un collectif de travail. Des évolutions des conditions de travail qui vont de pair avec les différentes transformations des services de prévention et santé au travail interentreprises (SPSTI).
La pénibilité du travail et les conditions d’hygiène entre 1984 et 2019
Premier point important relevé par ces résultats, les contraintes physiques des salariés semblent s’être aggravées en 35 ans. En 1984, 21,5 % des salariés français déclaraient porter des charges lourdes, ils sont désormais presque le double en 2019. Ce constat est sensiblement le même en ce qui concerne la pénibilité des postures ou des déplacements.
Autre fait noté dans cette datavisualisation : les conditions d’hygiène des lieux de travail se seraient tant dégradées entre 1984 et 2019 que les salariés notant des manquements à l’hygiène élémentaire ont doublé en 35 ans. Ainsi en 2019, les travailleurs interrogés par la Dares déclarent :
- à 30,1 % travailler dans un lieu de travail sale,
- à 36,4 % travailler dans les courants d’air,
- à 32,5 % travailler dans les mauvaises odeurs,
- à 35,2 % travailler dans des températures trop élevées et 35,7 % dans des températures trop basses,
- 14,7 % des travailleurs ne bénéficient pas de sanitaires décents.
Les avancées de la gestion des rapports humains dans le travail en 35 ans
Il est impossible aujourd’hui de considérer le bien-être au travail sans tenir compte de la qualité des rapports humains. La datavisualisation de la Dares se révèle plutôt positive en ce sens, démontrant que les situations de tension dans le travail semblent s’être apaisées au fil de ces dernières années.
Ainsi, que cela soit dans les situations de tension avec les collègues, la hiérarchie, le public ou bien encore avec les subordonnés, les salariés français semblent subir moins de conflits en 2019 qu’en 1998 avec des résultats qui s’infléchissent au fil des années. Il en va de même pour les comportements hostiles ou les agressions verbales.
Enfin, les résultats de la Dares mettent aussi en avant l’aide apportée au travail par un supérieur ou par les collègues.
Pourquoi les services de santé au travail sont-ils devenus les services de prévention et de santé au travail ?
Si les premières lois concernant l’âge légal du travail datent du 19e siècle, il faudra attendre 1905 pour que les dommages corporels liés au travail d’un salarié obtiennent réparation par son employeur et 1909 pour commencer à voir apparaître les premières règles de sécurité au travail.
C’est en 1946 que la loi obligera les employeurs à adhérer à des organismes de santé au travail, qui, jusqu’à la réforme du 2 août 2021 se nommeront services de santé au travail interentreprises (SSTI).
La réforme de 2021 a souhaité agir en corrélation avec les différentes évolutions des conditions de travail de ces trente-cinq années en priorisant 3 axes (s’ajoutant bien sûr aux missions déjà dévolues aux services de santé au travail) :
- la prévention des risques professionnels,
- le décloisonnement entre santé au travail et santé publique,
- la lutte contre la désinsertion professionnelle.
« Notre système de santé au travail a permis de belles avancées mais il doit désormais s’orienter davantage vers une logique de prévention et s’adapter aux besoins des employeurs et des travailleurs. Les ressources existent mais doivent être renforcées, coordonnées et intégrées au système des acteurs de santé. »1
L’intégralité de la datavisualisation est consultable sur le site de la Dares.
