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Vivre plus vieux, mais vieillir mieux : les défis de la santé au travail 

L’enquête de l’Insee Les écarts d’espérance de vie entre cadres et ouvriers : 5 ans chez les hommes, 3 ans chez les femmes a été publiée le 16 juillet 2024. Marquée par une surmortalité accrue, due notamment au Covid-19, la période 2020-2022 est encore et toujours caractérisée par des écarts importants d’une catégorie professionnelle à une autre. Ces données, croisées à celles de l’espérance de vie en bonne santé, révèlent de nouveau de grandes disparités sociales et rappellent à quel point la prévention de la santé au travail est un enjeu de santé publique actuel comme futur.  

L’espérance de vie en 2024 révèle encore et toujours de fortes inégalités

Le fait n’est malheureusement pas nouveau, depuis les premières statistiques faites par l’Insee durant les années 90 jusqu’à aujourd’hui, les ouvriers ont une espérance de vie plus faible que les cadres, les artisans ou bien encore les employés.

De 2020 à 2022 :

  • L’espérance de vie d’une femme cadre âgée de 35 ans est de 53 ans alors que l’espérance de vie d’une femme ouvrière est de 49,6 ans, soit 3,4 ans d’écart. Notons que, de 1991 à 1999, cet écart entre ouvrière et cadre était de 2,6 ans. 
  • L’espérance de vie d’un homme cadre âgé de 35 ans est de 48,9 ans alors que l’espérance de vie d’un homme ouvrier est de 43,6 ans, soit 5,3 ans d’écart. Notons que, de 1991 à 1999, cet écart entre ouvrier et cadre était de 7 ans.

Comme ces chiffres de l’Insee nous le prouvent, les disparités socioprofessionnelles face à l’espérance de vie sont donc bel et bien encore présentes, pire en ce qui concerne les femmes, elles se sont même aggravées. Et ce, malgré le fait, selon Pierre Pora à Le Monde que « la structure des emplois a changé, au cours des cinquante dernières années, et que les termes ouvriers et cadres recouvrent des réalités ayant évolué. »1.

Une vérité demeure : les risques professionnels (la pénibilité du travail, les risques chimiques, les accidents et maladies professionnels, les horaires atypiques, etc.) seraient la première cause de cet écart d’espérance de vie entre les ouvriers et les autres catégories socioprofessionnelles.

L’espérance de vie en bonne santé, la santé au travail pour changer la donne ?

En toute logique, si la catégorie professionnelle d’un salarié influence son espérance de vie, on peut estimer sans trop se tromper qu’elle influence aussi sa capacité à vieillir en bonne santé.

En 2018, selon la DREES2, la première année de la retraite, les ouvriers sont 14 % à être limités fortement et 20 % à être limités de façon modérée, des chiffres relativement similaires aux employés. En revanche, chez les cadres et professions intellectuelles supérieures, bien que partis à la retraite un an plus tard que les ouvriers, la première année de la retraite ils sont 2 % à être limités fortement et 12 % à être limités de façon modérée, il en va quasiment de même pour les artisans et les chefs d’entreprise. Ces données statistiques sont anciennes, certes, et datées d’avant les récentes réformes de retraite, cependant elles restent représentatives des écarts de santé d’une classe sociale à une autre.

Bien qu’il semble acquis que les politiques de prévention de santé publique comme de la santé au travail aient largement contribué à l’augmentation de l’espérance de vie depuis les années 90, les femmes ont gagné presque 3 ans et les hommes plus de 4 ans, les inégalités qui perdurent ne peuvent que nous inciter à améliorer sans cesse les conditions de travail, pour tous. Pour vivre plus vieux, certes, mais vieillir mieux.

  1. https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/07/16/esperance-de-vie-entre-cadres-et-ouvriers-l-ecart-est-de-5-3-ans-chez-les-hommes-et-de-3-4-ans-chez-les-femmes_6250987_3224.html ↩︎
  2. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/01/04/reforme-des-retraites-apres-65-ans-quelle-est-l-esperance-de-vie-des-francais-et-en-quelle-sante_6156582_4355770.html ↩︎

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